Clifford Donald Simak est un auteur de SF des années 50. Je n'en avais jamais entendu parler avant un épisode de C'est plus que de la SF sur un de ses livres intitulé Au carrefour des étoiles.
Demain les chiens raconte la fin de l'humanité, à travers de petits chapitres qui suivent principalement les hommes de la famille Webster et leur robot Jenkins. Ceux-ci, par leurs choix des fois désastreux, orientent la destinée de la race humaine. L'aspect très curieux du livre, ce sont les interludes entre les chapitres où des chiens du futur, dotés de la parole (don venant d'un des Webster) s'interrogent sur le concept d'homme. Tous les chapitres apparaissent en fait comme des contes de la mythologie des chiens, qui discutent pour savoir si telle ou telle légende sur les humains est plausible et conforme.
Cette construction est très étonnante et donne un autre niveau de lecture au livre. J'ai d'ailleurs cru que le premier interlude était la préface du livre ! En réalité, ces interludes ont été rajoutés après par l'auteur, pour lier les nouvelles initialement publiées séparément. Et le dernier chapitre a lui aussi été ajouté après, en conclusion douce-amère de l'histoire.
« Pourtant ils sont bien davantage, Grant, je vous assure. Jusqu’à présent, l’Homme était seul. Une espèce pensante, intelligente, mais isolée. Elle aurait pu aller plus vite et plus loin s’il y avait eu deux espèces, deux espèces pensantes et intelligentes pour travailler de concert. Car, enfin, elles ne penseraient pas de la même façon. Elles compareraient leurs idées. Ce que la première échouerait à concevoir, la seconde s’en chargerait. La vieille histoire des deux têtes qui valent mieux qu’une. »
La nouvelle sur Jupiter est la plus science-fiction et celle qui m'a le plus plu. Mais c'est aussi celle qui détonne le plus.
Ce livre est un peu une fin du monde à l'envers. Ici l'humanité disparait non pas à cause d'une guerre nucléaire ou d'une invasion extraterrestre, mais parce que les hommes trouvent mieux que leur condition d'homme et sont incapables de surmonter leur lent déclin.
L’homme a cessé de lutter. Il a choisi la jouissance. La réussite est devenue un facteur inconséquent et la vie un paradis insensé.
Les mutants sont égoïstes, les fourmis, autres candidats à la survie, sont obstinées. Mais seuls les chiens devenus intelligents s'en sortent, abandonnant à regrets leurs maîtres...
Le livre a un côté suranné, daté, qui est très particulier. Certains contes se lisent un peu comme au coin du feu: les sentiments qui dominent sont la nostalgie, le pessimisme et la résignation.
Autrefois la joie régnait, mais il ne restait que la tristesse. Il ne s’agissait pas simplement de la tristesse d’une maison vide : c’était un sentiment général, la tristesse de la Terre, la tristesse des échecs, la tristesse des triomphes creux.
J'ai beaucoup aimé ce livre. Les préfaces et postfaces sont très intéressantes à lire.