Je voulais te dire ce que je n'ai pas dit quand tu étais là.
C'est l'erreur classique: ne pas dire aux gens qu'on les aime quand ils sont présents, par gêne ou par peur de paraître niais.
Aujourd'hui je vais oublier la gêne.
Je me souviens de ton accueil chaleureux la première fois où je t'ai rencontré à Sevran il y a 27 ans, qui contrastait avec la mine patibulaire (mais presque) de ton mari.
Je souviens que tu te trompais régulièrement sur mon prénom, en m'appelant Julien, ou Fabrice. Je n'ai jamais compris pourquoi mais j'ai toujours soupçonné qu'il y avait un peu de malice de ta part.
Je me souviens que tu te vexais si je ne reprenais pas trois fois du plat que tu avais préparé. Dès que je disais que non, je n'avais plus faim, tu disais: "Ah, bon, tu n'aimes pas ça." Et j'étais condamné à rester le "gendre qui n'aime pas ça" à chaque fois que le plat était servi par la suite.
Je me souviens de ton sourire quand tu as rencontré nos enfants pour la première fois. Je crois que tu as commencé à m'apprécier un peu plus à chaque naissance.
Je me souviens de nos vacances au Portugal, de ta joie de voir ta fille et plus tard de voir tes petits-enfants pendant l'été. Une vraie joie de maman et grand-mère qui valait les kilomètres.
Je me souviens de ton rire quand les enfants et les grands s'excitaient en regardant Fort Boyard à Sevran et au Portugal.
Je me souviens de tes repas toujours généreux et de tes fameux beignets qu'on mangeait ensemble sur la plage à Costa de Lavos. La cuisine, c'était ton territoire réservé et il ne fallait pas faire semblant d'aider par politesse !
Je me souviens comment tu m'as pris dans tes bras quand j'ai annoncé la mort de ma mère. Ce geste spontané de réconfort m'a beaucoup touché à l'époque.
Je me souviens de toutes ces petites attentions, ces discussions anodines où tu demandais comment ça allait, tes sourires quand on mentionnait les enfants, les tupperwares pleins quand on repartait en France ou en Belgique et les bonbons que tu filais en douce à nos enfants.
Pour toutes ses souvenirs c'est un bonheur de t'avoir connu.
Tu étais une personne aussi modeste, aimante, patiente et soucieuse du bonheur des autres. C'est ainsi que tu resteras dans nos coeurs.
Merci Bella.